ABNA- Ils prennent librement leur place dans la vie sociale et le domaine public, et reflètent le nouveau visage de la Grèce. Mirto Zaharof, âgée de 29 ans, donne des cours en chimie dans deux lycées publics de la capitale Athènes, avec son voile qu’elle porte en raison de ses croyances religieuses.
Ni l’administration, ni ses collègues ne lui manquent de respect, elle est toujours « Mme Mirto », et ses élèves aiment beaucoup leur professeur, qui est aussi ingénieur et diplômée d’un doctorat à Londres. Mirto Zaharof nous donne ses impressions sur sa première semaine au lycée technique : « J’ai une vie unique, qu’elle soit à la maison, dans la rue, ou à l’école. Je ne divise pas ma vie en plusieurs parties, domaine privé, domaine social, domaine public. Je n’ai pas ressenti de réactions négatives de la part de mes élèves ou de mes collègues. Si vous convainquez les élèves qu’ils sont importants pour vous et que vous voulez leur transmettre un savoir, aucun problème ne se pose, ils vous respectent ».
En Grèce, les musulmans ont toujours eu une importance dans l’actualité que ce soit des Turcs, des Albanais et évidemment des centaines de milliers d’immigrés d’autres pays, toutes ces minorités ont leurs droits régis par le traité de Lausanne. Mais la Grèce est face à un phénomène nouveau avec les musulmans grecs.
Les nouveaux musulmans de Grèce sont perçus avec une maturité démocratique, même s’ils étonnent toujours dans la capitale et à travers tout le pays. D’après Thodori Dritsa, député de la coalition de gauche (Syriza), les musulmans grecs forment un pont entre les minorités et les immigrés, et les autres catégories sociales.
« Les citoyens grecs ayant choisi l’islam, même si je n’ai pas assez de connaissance sur eux, peuvent constituer un moyen de communication positif entre l’Etat grec et les autres musulmans dans le cadre d’une compréhension mutuelle », dit-il. Dritsa souligne que les citoyens grecs musulmans ont les mêmes droits que les autres citoyens grecs. Les immigrés, qui ont du mal à trouver un interlocuteur au niveau de l’Etat, ont d’ailleurs obtenu pour la première fois le droit de voter, de manière restrictive et sous certaines conditions, pour les élections locales du 7 novembre dernier.
Le parlementaire grec ajoute : « Ils auraient dû avoir plus de droits à ce sujet. Nous pouvons dire que l’Etat grec aussi a une constitution très démocratique qui contient des articles comme la tolérance aux différentes religions. L’Etat et les partis au pouvoir censurent les sujets sensibles comme celui de la mosquée. L’islam est dans plusieurs pays différent, et beaucoup de musulmans vivent aujourd’hui en Grèce. Il est inconcevable qu’il n’y ait pas de lieu de culte pour toutes ces personnes. Syriza et les partis de gauche ne sont pas une force politique qui défend les religions, mais nous sommes pour le droit individuel à l’appartenance et à la pratique d’une religion. C’est dans ce contexte que nous trouvons justifiée cette demande d’une, deux mosquées ou même plus en Grèce ».